Un gars c’est un jeune mec, une garce c’est une pute.

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Ces dernières années, un mouvement de libération des femmes a pris une forte ampleur. Revendiquant l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, et sociale, le mouvement féministe se fait entendre à travers des manifestations qui continuent à émerger dans le monde entier. Récemment, l’attention a été portée vers la langue française et les notions d’inégalités qui semblent y figurer.

La communication verbale est un des moyens les plus puissants à travers lequel le sexisme est conservé et maintenu. La langue est un ‘miroir culturel’. Nous sommes habitués à parler notre langue maternelle dès le plus jeune âge, il est donc difficile de prendre conscience de phénomènes d’invisibilisation et de dévalorisation des femmes dans la langue.

Mais est-ce que la langue française est réellement si sexiste ?

Le sexisme dans la langue française

Le sexisme s’incruste dans la langue française à travers de multiples dimensions. Premièrement, la grammaire française veut que le masculin l’emporte sur le féminin. Cependant, cette règle n’a pas toujours été utilisée. Au 17e siècle, la règle qui prédominait était la règle de proximité. Selon celle-ci, l’adjectif se rapportant à des noms de genres différents n’était pas méthodiquement mis au masculin, mais s’accordait avec le nom le plus proche. C’est au cours du 17e siècle que sont apparus des modifications de règles grammaticales favorisant le genre masculin, considéré plus noble, au détriment du féminin, reflétant ainsi, les rapports de force entre les sexes de cette époque.

Ensuite, un autre débat fréquemment abordé concerne l’usage de la version féminine de métiers, fonctions, ou titres longtemps uniquement connus sous leurs forme masculine. Un cas a notamment fait polémique au sein de l’Assemblée nationale française, quand un député s’est adressé à la présidente de l’assemblée en tant que ‘madame le président’ alors que, selon les règles de l’Assemblée nationale, il se tient de dire ‘madame la présidente’. Le député en question se justifia en évoquant les règles de l’Académie française. Effectivement, l’Académie française était jusqu’à peu contre la féminisation des fonctions. Pour ses membres, le genre masculin aurait une valeur collective, ayant la capacité de représenter les deux genres, rendant l’utilisation du genre féminin inutile dans certains cas. Autrement dit, le genre masculin pourrait comprendre la nature indifférenciée des titres et fonctions, et il serait donc correct de ne pas identifier une fonction à la personne qui l’occupe. Ainsi, menant à l’oubli de mots tels que peintresse, inventrice, ou encore académicienne.

De plus, la langue française fait persister les stéréotypes liés au genre dans la société. Cela se passe à travers les choix de lexique qui ont lieu dans les conversations de tous les jours. Combien de fois a-t-on entendu un petit garçon être encouragé à être joli, gracieux, et bienveillant ? Et les petites filles de leurs coté, entendre les adjectifs forte, courageuse, protectrice ? Le choix de vocabulaire reflète les qualités dont chaque genre ‘devrait’ disposer. Les stéréotypes de genre sont également observables dans le choix d’insultes. Les femmes seront plus suscepitble à entendre des termes comme ‘salope’, ‘pute’, les associant incessamment au sexe de manière négative, contribuant à l’infériorisation des femmes par rapport aux hommes. Les hommes, en revanche, entendrons plus souvent des mots comme ‘con’ ou ‘connard’.

Pourquoi cela aurait-il de l’importance ?

Beaucoup se posent la question si ces quelques détails ont réellement de l’importance. N’a-t-on pas de plus gros problèmes que ça ?

Bien sûr, il y a beaucoup d’autres problèmes lié à la discrimination tels que l’inégalité salariale ou encore le manque de femmes dans des postes à responsabilité. Cependant, certaines règles grammaticales ou certains usages de lexique ont comme conséquence la reproduction des asymétries sociales de pouvoir et de statut qui favorisent les hommes. Inconsciemment, la langue et l’oubli de la femme dans l’utilisation de la langue affecte la façon de penser et comportement. Ceci a été démontré par deux linguistes américains, Edward Sapir et Benjamin Whorf. D’après eux, la langue n’est pas seulement un instrument de description de la réalité mais elle contribue aussi à la structurer. Selon cette hypothèse, la langue d’une société organise l’expérience de ses membres et façonne sa réalité. Par conséquent, l’usage d’expressions linguistiques égalitaires peuvent éviter certaines conséquences négatives que la langue pourrait causer et promouvoir plus d’inclusion. Il est important de se poser ces questions car souvent, la discrimination dans la langue arrive inconsciemment en suivant simplement les règles grammaticales et sans intention de discriminer.

Evolutions récentes

Suite à l’utilisation de plus en plus fréquente de versions féminines de métiers dorénavant masculin ainsi que la polémique ‘madame le président’ et ‘madame la présidente’, l’Académie française a tranché sur un sujet longtemps tabou. Le 28 février 2019, elle se résout dans un rapport à la féminisation des noms de métiers.

D’autre part, en 2015, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) a publié un guide incitant les pouvoirs publics à adopter une écriture inclusive. L’écriture inclusive comporte trois règles principales. Premièrement, l’accord en genre des noms de fonctions et métiers comme présidente, professeure, écrivaine. Deuxièmement, user du féminin et du masculin grâce au ‘point milieu’ (ex: les délégué·e·s). Et troisièmement, éviter l’usage de antonomases du nom commun femme et homme, par exemple l’utilisation de droits humains au lieu de droits de l’homme.

Pour conclure, d’après moi, l’usage de la langue française telle qu’elle est, peut avoir des effets négatifs involontaires et cela sans qu’on ne le remarque. Il est important de reconnaitre que le français est susceptible de maintenir les inégalités et promouvoir le sexisme. Finalement, de simples détails grammaticaux, tels que l’utilisation de ‘le président’ pour une position occupée par une femme, ont de fortes conséquences. Cette utilisation implique une remise en cause de l’autorité des femmes occupant ces fonctions et l’utilisation de la version féminine du métier est simplement une question de respect. Il est compréhensible que l’écriture inclusive puisse paraitre compliquée et superflue. Mais néanmoins, je pense qu’il est important d’avoir un questionnement à propos de la langue qui nous entoure tous les jours et de comprendre les conséquences de son usage.

Que penses-tu de l’écriture inclusive?

Caroline

9 thoughts on “Un gars c’est un jeune mec, une garce c’est une pute.

  1. Coucou Caro! Ton article était super intéressant.
    Tu m’as appris des choses avec la règle de proximité, que j’ignorais. Je suis d’accord que indirectement, l’usage de la langue à des conséquences sur la manière dont on pense, donc le problème est à prendre au sérieux. Maintenant je me demandais, comptes-tu utiliser l’écriture inclusive de ton coté?
    Bisous!

    1. Merci Alice! Je pense que je vais activement essayer d’utiliser des termes plus inclusifs tel que droits humain au lieu de droits de l’homme, cependant l’utilisation du point milieu est un peu compliquée. Je pense que ce serait un bon exercice pour moi mais je ne sais pas si je l’utiliserai tous les jours. Et toi?

      Bisous!

  2. Hey, I really enjoyed reading your blog! (I speak French) I also agree with your argument and compliments for the choice of pictures (also in other posts!)

  3. Hello Caroline! Merci pour cet article, que j’ai trouvé très intéressant. Je trouve aussi que certains aspects de la langue française sont sexistes, heureusement que tout ça change à petit pas! Je porterai dorénanvant plus d’attention aux détails grammaticaux que j’utilise.

  4. Hello ma Caro! Très chouette article, je suis tout à fait d’accord avec toi. J’aime beaucoup la façon dont tu écris, c’est bien structuré et agréable à lire! Le titre est très accrocheur et j’aime beaucoup les illustrations que tu as choisies! Merci beaucoup et courage pour la suite!
    Lise

  5. Hey Caroline! Super interesting blog post, I read French but I would be hesitant to write it in this comment 😉 I found out today in English too, for example, that “maiden name” even refers to a young, untouched, “innocent” girl that should marry an older man before she “is past her time”. Ridiculous thought, yet we still use the term. Time for change, I would say!

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